Dans le cadre du plan France Relance, le gouvernement a lancé plusieurs actions pour augmenter la part de FRET dans le transport de marchandises. Parmi les points évoqués, on retrouve une étude pour développer l’infrastructure du terminal ferroviaire du Boulou. Situé sur une ligne souvent oubliée, l’axe Elne – le Boulou possède également un potentiel voyageur non négligeable qu’il ne faudrait pas oublier dans l’équation.
Développement de la plateforme logistique
Longue de 16,5 km, la ligne est en parfait état avec une voie sur traverse béton bi-bloc et électrifiée jusqu’à la plateforme du Boulou. Les 3 km restant jusqu’à St-Jean-Plat-de-Corts sont utilisés pour le remisage ou refouler les trains mais sans caténaire. Le système de signalisation a même bénéficié d’une modernisation en 2021 avec le remplacement du cantonnement téléphonique par un espacement de type BAPR (Block Automatique à Permissivité Restreinte), reposant sur un système automatisé permettant un meilleur débit.

Mais la ligne souffre d’un handicap, la plateforme du Boulou est incapable de recevoir ou envoyer des convois en direction de l’Espagne à cause de l’absence de raccordements orientés vers le Sud. C’est ainsi que l’État vient de financer une étude à hauteur de 1,5 M€ pour créer un raccordement vers la ligne internationale Perpignan-Figueras afin d’augmenter le trafic FRET à destination de l’Espagne, qui repose encore majoritairement sur la route. Dans le cadre de la LGV Montpellier-Perpignan, une option a déjà été étudié avec la création d’un raccordement à la sortie Sud de Perpignan ainsi qu’à Elne.

Si le raccordement dans Perpignan semble impossible à cause d’une insertion urbaine trop délicate, celui d’Elne est en revanche facilement réalisable. Néanmoins, cela ne permettrait de traiter que les trains venant par la ligne de Portbou. Il faut donc une nouvelle étude pour créer un raccordement directement entre la LGV Perpignan-Figueras et le Boulou. À noter que ce projet de développement du FRET emmènera à un doublement de la voie Elne – le Boulou pour faire face à ce trafic. Une opération qui était chiffrée à 120M€ en 2006. Doublement qui sera nécessaire si on veut insérer des trains voyageurs.

Un potentiel voyageur inexploité
Si ce développement du FRET est une bonne chose, il faut veiller à préserver une place suffisante au trafic voyageur. En effet, la ligne du Tech possède de nombreux atouts pour un retour des TER entre Perpignan et le Céret dans un premier temps, et pourquoi pas Amélie-les-Bains à plus long terme. On retrouve dans le Vallespir des flux de déplacement domicile-travail et domicile-étude important entre le Céret, le Boulou, Elne et Perpignan. La ligne permettrait la desserte de Ortaffa (1.537 hab), Brouilla (1.485 hab), Banyuls-desl-Aspres (1.265 hab), le Boulou (5.396 hab), St-Jean-Pla-de-Corts (2.248 hab), le Céret (7.821 hab) mais aussi par extension St-Génis-des-Fontaines (2.836 hab) ou encore Maureillas-las-Illas (2.561 hab).

D’un point de vue des emplois, la ligne permet naturellement la desserte de la plateforme logistique du Boulou qui concentre de nombreuses entreprises. Touristiquement, on retrouve la sous-préfecture de Céret, capitale de la cerise qui a gardé son charme médiéval avec notamment son célèbre pont du diable. On peut citer également la cascade de Baoussous, les thermes d’Amélie-les-Bains ou encore la voie verte du Tech.

Priorité à la route ?
Le projet de réouverture est d’autant plus urgent qu’en parallèle, un projet de nouveau pont routier est sur le point de voir le jour porté par le département des Pyrénées-Orientales et l’intercommunalité. L’aménagement prévoit trois giratoires, 2,5 km de voirie, deux ponts dont un viaduc de 330 mètres avec 3 piles et une hauteur de 17,5 m. Le tout se situant au milieu d’un site Natura 2000 et de deux Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). Le plus intéressant étant le coût du projet qui est chiffré à 40M€!

En effet, la réouverture de la ligne du Céret nécessite « seulement » un renouvellement de la voie entre le Boulou et le Céret, soit 6,7 km, ainsi qu’un prolongement de l’électrification et la réfection de 4 Passages à Niveau (PN). Autrement dit pour le même coût il est possible, soit de créer un énième axe routier, soit de permettre le retour du train en Vallespir pour rabattre les automobilistes vers les transports. À noter que pour s’assurer du succès de l’opération, il serait bon de mener à son terme le projet de nouvelle halte ferroviaire au Sud de Perpignan (Université ou Porte d’Espagne) et de renforcer les transports urbains dans la métropole Catalane. Une pétition a été lancée par les opposants au nouveau pont pour basculer les crédits sur la réouverture de la ligne de chemin de fer.
Enfin, il y a quelques mois seulement le site de la gare du Céret a failli être totalement urbanisé par un EPHAD et des logements étudiants avant qu’in extremis, la nouvelle municipalité bascule le programme dans un autre quartier. Il est donc urgent d’agir avec d’être privé définitivement d’un retour du train en Vallespir!
Sources:
Le Vallespir et ses habitants ont besoin du train du quotidien !
Merci pour cet article de qualité
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L’Etat vient de financer une étude…Mais bon sang, quand passera-t-on enfin des études aux réalisations ? Selon la formule bien connue, on continue d’élargir les routes pendant qu’on étudie l’amélioration du rail. La transition écologique est en marche…
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